Je ne savais pas trop où mettre cette « France moisie » qui me réjouit.
Or votre Edito commence par citer Ouspenski (et plus loin Gurdjieff)
Ouspenski, journaliste russe, a suivi Gurdjieff à travers le Caucase à partir de la guerre d’octobre, et c’est ce périple et cet enseignement qu’il retrace dans « Fragment d’un enseignement inconnu ».
« Se rappeler soi-même » était en effet l’exercice permanent demandé aux élèves ; exténuant si l’on songe que cela consistait à prendre conscience en permanence à la fois et en même temps de soi et du monde.
Par exemple en conduisant avoir conscience de ce que l’oeil voyait devant, de ce qu’il devinait de côté, de ses mains sur le volant, de son pied qui le chatouillait, etc
Le but était que l’on devienne le cocher de ses chevaux fous. Que l’on prenne conscience qu’il n’y a pas de « moi » réel, mais une multitude de moi qui surgissent tour à tour dans l’étroite fenêtre du conscient, selon des pulsions d’humeur ou de circonstances. Et d’élargir ainsi son champs de conscience jusqu’à « l’éveil »
Que la science rejoigne ce constat d’absence à soi-même est vraiment intéressant !
Lire cet Edito passionnant demandera du temps. Je m’octroie une petite récrée d’avance, en vous faisant partager ce lien sur « La France moisie » qui me tient tant à coeur…(trouvé sur boulevard voltaire)
« Par une coïncidence sans doute pas fortuite, je suis tombé sur une citation de Philippe Sollers, aujourd’hui, tirée de son livre « Éloge de l’infini ». Citation dans laquelle il qualifie la France qu’il n’aime pas, la France de droite en fait, de moisie.
Je me suis dit alors que, finalement, ce qui se voulait une insulte pouvait se révéler en fait un beau compliment.
Outre le penicillium roqueforti à l’origine du roquefort, son cousin, le penicillium camemberti donne le camembert. On hésite à départager ces deux fromages, plus connus dans le monde que M. Sollers.
Mais une autre moisissure est à l’origine d’un autre produit qui fait de la France, moisie donc, un haut lieu de la gastronomie mondiale, le botrytis cinerea, nécessaire à la naissance du Sauterne et d’autres grands vins. La France moisie, ce n’est pas si mal…
D’autant que le contraire de la France moisie, ce serait quoi ? La France aseptisée ? La France hygiénique ? Celle qui ne fume pas ; qui ne boit pas. La France qui mange cinq fruits ou légumes par jour ; qui baise en latex après s’être lavé les mains avec une solution hydroalcoolique. Certes, elle ne sent pas le moisi, mais elle sent la morgue.
Les morts de la France moisie sentent, pourrissent et, ainsi, ils nourrissent la terre. Il y a du Nimier dans les arbres du cimetière de Saint-Brieuc.
La France que j’aime vit, elle fermente, elle sent la sueur, le sang et le sperme. C’est la France de Henri IV et de Rabelais. Elle mange du roquefort avec un verre de Sauternes. Elle laisse les pisse-froid à leur Vache-qui-rit arrosée d’eau minérale. »